Mardi
Mercredi
Ma boulangère, m’est apparue pendant plus de trois ans comme un personnage lunatique, qui représentait l’antithèse même de la bonne commerçante.
Pendant plus de trois ans, je sortais chaque jour, ma baguette sous le bras, et quelques fois un sac de pains au chocolat et de croissants à la main, avec toujours une sensation d’énervement diffuse, et le regret de ne pas avoir eu le courage de dire à quel point je méprisait son comportement.
Un jour, celle-ci, marmonnait un bonjour presque inaudible et me lançait un « que voulez-vous ? » , s’exaspérant de ma longueur à trouver la somme exacte en petites pièces que je prenait un plaisir à lui refourguer. Si je n’avais pas la chance d’avoir de la petite monnaie elle me lançait sur le comptoir les restes de mon billet cassé avec une délicatesse sans précédent.
L’autre jour, ma boulangère ressemblait à une intime prête à bavarder de la pluie et du beau temps, affichant même, une proximité qui allait jusqu’aux commentaires concernant ma nouvelle coupe de cheveux.
Ma boulangère était un jour apprêté comme pour aller au bal, l’autre les cheveux gras plaqués en arrière, la mine maussade et l’œil vide.

Ainsi durant presque trois ans, chaque trajet pour me rendre de chez moi à la boulangerie, puis de la boulangerie jusqu’à chez moi prenait l’allure d’une enquête sans queue ni tête. J’imaginer comment ce dédoublement de personnalité pouvait s’opérer de façon si exagéré.

Elle devait « avoir ses règle », un amour oscillant, enfin tout devenait prétexte à me signifier logiquement comment une telle personnalité pouvait s’exprimée aussi explicitement à tous les habitants de mon quartier sans qu’aucun d’eux ne se révolte.

(image : Amande In)

Le boulanger de ma boulangerie à deux filles, chacune se ressemble trait pour trait.
Je ne le savais pas.

Les deux boulangères travaillent à tour de rôle dans ma boulangerie.

by Amande In )

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