back & forward
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(image : Amande In)

1.

Je marche pieds nus, pour les endurcir, une de mes résolutions stupides pour devenir un peu plus dur, un peu plus femme, presque une adulte.

Sur la route avec Gaël tout est permis, crier, danser, rire à tue tête, courir droit devant sans regarder derrière, jamais.

On a levé nos pouces une fois, il était tard, il faisait encore chaud, il y avait encore assez de voitures, pour qu’au moins une s’arrête et nous emmène là où il fait encore beaucoup plus chaud, où il y a de la musique trop fort, des gens qui fument, des gens qui boivent, et nous on croise les doigts avec nos mines de petites merdeuses pour qu’enfin ils daignent croire que NOUS on a + de 18 ans.

Parce que là, pour l’instant, encore 24 mois avant d’y arriver, enfin si je compte pas les 3 qui me séparent des 24 autres, avant… peut être l’illusion de la liberté.

Deux mecs s’arrêtent, des jeunes, ils ont l’air sympa, un peu dragueurs, on monte, on sait pas trop où on va, enfin si, un endroit qui bouge, et là, on bouge, vite.

On finit dans un bar, avec des petites lumières partout, des couleurs sur les murs, des verres remplis. Eux, ils ont au moins quelques mois de plus que nous, alors on rentre, sans même le regard inquisiteur des propriétaires. On a l’air maqué jusqu’aux dents, pourtant ces deux mecs, on les connaît pas même plus que ça.

Enfin pas encore.

Des discussions insignifiantes, qui se prolongent jusque tard, pas de couvre feu, et pas même besoin de faire le mur.

Sur la route au retour, ils font une pause dans un champ, je montre mes capacités à monter sur une botte de foin avec l’aisance d’une petite paysanne, de la VRAI campagne, pourtant, c’est même pas vrai. Ca fait son effet, je rigole beaucoup, Guillaume et David aussi.

Gaël à l’air un peu paumée, avec tout ça, les verres, la route. Ca tourne.

Pas le temps de penser, il a déjà glissé sa langue humide dans ma bouche, je rigole, je suis conne, mais je vois pas quoi faire d’autre. Puis ça fait toujours très cool de rigoler. Et j’aime avoir l’air cool, même si , je crois que je vais pisser dans ma culotte, tellement ce mec m’impressionne.

Quand ils nous laissent, plus que quelques mètres à faire pour nous laisser aller au sommeil. Dans la tente, je ne me méfie même pas de Gaël qui prend toute la place, tellement de place, que je finit par me réveiller transit de froid, au milieu de ce qu’il reste de la nuit.

Je me réveille de nouveau, moite, l’air est bleu, la tente est traversée de soleil. Impossible de me rendormir, grosse gueule de bois, je sais plus très bien comment il s’appelle. On verra bien, s’il revient me voir.

2.

Il arrive plus tard dans la journée, seul.

Un p’tit bout de jupe, un reste de haut, des sandales à talon, pour avoir l’air d’une grande, d’une femme.

Pas le temps de se dire, même un bon-jour, juste sa langue humide dans ma bouche, again.

Il m’entoure de ses grands bras fins, je suis complètement larguée, sous le soleil, très chaud, j’ai chaud, je transpire à même ma peau, contre son tee shirt.

Il est encore plus beau, je suis encore plus impressionnée, j’ai encore plus chaud, il est encore plus près. Il se colle contre moi, j’ai de envie de lui.

On part se balader près de la mer. A deux, main dans la main. Il y a beaucoup de monde. Sur un banc, on s’arrête. Juste comme ça. On s’embrasse. Ils nous regardent. On s’embrasse. Ils passent. On s’embrasse. Il est tard.

Je rentre rejoindre Gaël.

Elle a passé la journée avec Nicolas.

Il est tard, peut-être l’heure de se dire au revoir.

3.

Il m’embarque avec lui dans sa nuit.

C’est la nuit des étoiles, je ne le savais pas, on prend un sac de couchage, ensemble au milieu d’un champ, je suis allongée contre lui, il fait froid.

Les étoiles brillent super fort, le ciel est bleu, très bleu, il y en a partout, on regarde ensemble longtemps.

On y voit aussi assez clair pour distinguer nos deux corps. Je découvre ce qu’on appelle : le corps de l’autre.

L’autre en face de moi, avec son histoire, à dormir debout. La douceur des mains doucement se glissent en moi.

Je raconte ma vie un peu, la sienne n’est pas rose, la mienne non plus. Ca fait aussi parti de nous, ce que l’on apprend de l’autre, pourtant je crois que je ne le connais pas plus que ça.

Il fait trop froid. Le soleil est en train de revenir, il est l’heure de se coucher, pour dormir peut-être.

Dans sa bulle kaki, je m’endors à force de résister parce qu’il est trop tôt, encore, juste un peu trop tôt pour tout ça. Je suis une petite fille, il faut qu’il comprenne.

Il ne comprend pas, je ne sais pas ce que c’est, je ne peux pas comprendre plus, ce que je ne connais pas.

Je ne veux pas encore tout savoir, pas tout de suite, il y a beaucoup trop de choses à connaître avant.

Je marche seule, je marche longtemps, je rejoins Gaël qui n’est déjà plus là.

Il est tard, il fait chaud, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je n’ai pas dit au revoir, je préfère ne pas savoir, je préfère rester seule, je ne veux pas de ça, pas tout de suite. J’ai envie de lui, encore et encore, j’ai envie de savoir. Il n’y a pas grand chose à connaître de plus. Je veux le suivre.

Loin.

4.

Ils sont revenus, David et lui, nous voir après trois jours. Je pars demain, loin, très loin, l’avion est à 6 heures.

On se dit au revoir. Sur un petit bout de papier déchiré je note mon adresse et mon numéro. Il inscrit son adresse sur mon carnet, je garde précieusement le souvenir.

Allez salut, et puis aussi peut-être à une autre fois, on sait jamais, le monde est si petit. Vive les banalités et tout ce qui va avec.

5.

by Amande In )

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