C'est pas fini
de Michel Zumkir

Amande select:

p54 : « S. n’a jamais voulu parler la langue de l’amour. Ni je t’aime je te hais tu me fais chier ni même tu me plais, il m’appelait toujours par mon prénom… Cette langue lui était inconnue, il refusait de l’habiter ou de se laisser envahir par elle, par son flux qui nous rend étranger – en partie – aux autres, à nous même, qui invente un ici et maintenant que pour les deux amoureux, qui nous entraîne au plus profond de nous-même. Il ne voulait pas descendre au tréfonds de lui-même. Surtout pas.

A chaque amour, de nouveaux codes à inventer. Sans cela, pas la peine de commencer. Même si :

Tes mots n’auront jamais le même sens que les miens, ta grammaire me sera toujours un peu étrangère, ton je t’aime ne sera jamais le mien. Toi, moi ne seront jamais un même pronom, toi et moi ne seront jamais une même personne. Et pourtant :

Que de fatigues, de dépenses, de luttes pour réussir à aimer un peu. Pour vivre.

Je me suis détruit à aimer, je ne le voulais pas. »

éditions Balland / collection Le Rayon
septembre 2000

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